L’Histoire du Domaine de la Galinière débute à l’époque Romaine.
Après avoir prêté main-forte aux colonies massaliètes dans la protection de leur territoire face à une alliance celto-ligure, les romains s’intéressent eux-aussi à la région. Le consul Sextius Calvinus s’installe peu de temps après, en 128 avant J-C, sur l’actuelle Aix-en-Provence.
A cette époque, la Galinière se situait sur la Via Aurelia, actuelle nationale 7, colonne vertébrale de la provincia Romana puisque très empruntée par les romains pour rejoindre Antibes ou la province narbonnaise. La Galinière avait déjà son importance puisqu’une place fortifiée y était installée.
Une des possibles origines du nom de la Galinière viendrait d’ailleurs de cette époque puisque l’un des lieutenants romains en place se serait appelé Galius et son teint basané l’aurait fait surnommer Galus Niger d’où Galinière.
La deuxième hypothèse du nom viendrait d’un élevage de poule, qui fournissait le Roy René en œufs pour ses omelettes. En provençal, une poule est appelée galinié.
Bien rares sont les documents que l’on peut consulter en ce qui concerne la période dite du haut Moyen-Âge. Un certain ouvrage introuvable fait allusion à un cercueil de plomb avec inscription sur lamelle d’identification découvert à la Galinière ; un autre signale un sarcophage de marbre, orné de sculptures provenant du même lieu. Ces objets mortuaires auraient été transportés à Arles ; peut-être aux Alyscamps au XVIe siècle.
Selon le registre du cadastre, il semblerait que la Galinière était divisée en six parcelles : la Galinière-château, Cengle de la Galinière, la Galinière-auberge, la Gavotte, Thonelle et Gorgue-Madame. Il existe un acte de 1478 mentionnant, au quartier des collines, une bastide d’antonnelle qui s’est sûrement transformée en Thonelle.
Le passé de la Galinière-auberge est plus précis. En effet, ce bâtiment au bord de la route a été édifié autour d’un puits vers 1200. En 1306, les Templiers y possèdent quarante éminées de terre autour du bâtiment avant que celles-ci soient rattachées au domaine du roi Charles II. Plusieurs propriétaires se succèdent notamment Guillaume de Rousset, et en, 1537, les commissionnaires de François 1er vendent la juridiction de la Galinière à Antoine Gaufredi qui devient seigneur du lieu ; Jean de Garnier, son gendre, et ses descendants Marc Antoine et Louis deviennent seigneurs de ce lieu.
Au XVIIIe siècle, une partie de la bâtisse de la Galinière-auberge édifiée en 1664 était le « cabaret » dénommé Tivoli mais c’est en 1772 seulement que le Relais de Poste aux chevaux semble avoir pris la forme d’une exploitation régulière d’une certaine notoriété. Cette étape de repos, prisées par les voyageurs, était notifiée dans les guides touristiques de l’époque. Une légende en fait une sorte de relais pas si bien fréquenté que cela. En effet, les voyageurs faisant halte se retrouvaient détroussés par des voyous, bien renseignés sur l’état de la fortune de ces derniers. Les voyous s’enfuient ensuite par un passage dans le Cengle, impossible à suivre par des personnes ne connaissant pas la région.
L’histoire du Château de la Galinière commence à cette époque, 1733 comme indiqué sur la porte d’entrée de la Bastide. Pierre-François de Bonaud, chevalier de l’ordre militaire de Saintt Louis et capitaine de cavalerie du régiment de Luzignan acquiert la propriété à cette époque-là. Ses descendants, conseillers aux comptes à la cour, bâtissent, restaurent et agrandissent le château actuel.
Lieu de passage sous le premier empire, le relais de la poste accueille le Pape Pie VII. En effet, après avoir été fait prisonnier par Napoléon 1er en 1809, Pie VII est escorté à Fontainebleau et s’arrête sous bonne escorte, au Relais de la Poste. Il s’y arrête une seconde fois, libre cette fois, à son retour en Italie. Une plaque prouvant son passage est accrochée dans la chapelle du Domaine de la Galinière.
Le 2 décembre 1817, la Galinière est achetée par M. Claude Joseph Comte, négociant à Aix-en-Provence. Ce nouveau propriétaire s’intéresse grandement à la mise en valeur de son domaine et l’agrandit.
En 1890, Anne-Marie Durant, son arrière-petite-fille, hérite du Domaine. Anne-Marie épouse Jean-Baptiste Badetty la même année et le couple accueille leur fille unique, Mathilde, en 1895.
Grâce au couple, le Domaine se développe sur le plan agricole : céréales et vignes se partagent les terres cultivées par deux familles de fermiers installées l’une à la Gavotte et l’autre à l’Auberge. Cet essor est hélas ruiné par la Grande Guerre. Jean-Baptiste Badetty s’engage alors à combattre. Il revient à la fin de la guerre, décoré de la Légion d’honneur et de la crois de guerre, pour enterrer sa fille de désormais 23 ans, victime de la grippe espagnole.
Cette douloureuse perte a une importante incidence sur les extérieurs du château. En effet, les parents voulant garder leur fille à la Galinière mais ne pouvant l’enterrer dans l’ancienne chapelle, construite en 1752, alors à l’intérieur de la maison, ils édifient en 1919 la chapelle actuelle afin d’y faire reposer Mathilde et de pouvoir la prier nuit et jour.
Cette chapelle est fondée sous le titre de la Nativité de la Sainte-Vierge. Après cette tragique perte et ses années dans l’armé, Badetty est obsédé par l’idée de servir et d’être utile. Il devient donc maire de Châteauneuf-le-Rouge en 1919 et ce jusqu’à sa mort en 1939.
Les successeurs de la famille Badetty maintinrent la Galinière en l’état malgré les difficultés qu’ont engendré la guerre et l’occupation. Le vignoble entretenu puis progressivement replanté, les conduites romaines restaurées, les champs cultivés et la basse-cour providentielle pendant le conflit, puis réduite par manque de main d’œuvre, permirent au château de franchir cette période d’épreuves sans trop de dommages. Après avoir été le berceau de familles aisées, cette demeure majestueuse devient de 1957 à 1983, une maison de convalescence. Puis deux antiquaires aixois s’y installèrent. Fort connus et épris de solide culture, ils mirent tout leur dynamisme à insuffler un essor nouveau à la Galinière. Le décès de l’un d’eux n’empêcha nullement la rénovation et l’extension du vignoble, commencées auparavant sous la direction de René Bonnaventure, pépiniériste émérite.